DécouvrezLes timbresDe Christian Broutin
C'est presque par hasard, fortuitement et tardivement que j'ai abordé « le Timbre ». Un matin de 1996, La Poste prend contact avec Gallimard Jeunesse. Ils ont besoin d'un illustrateur pour dessiner une Tour Eiffel. Je viens justement de faire, pour Gallimard, la couverture de « Les indiens de la Ville Lumière » de Hugo Verlomme, représentant une Tour Eiffel engloutie. Je fus proposé et accepté. C'est ainsi que j'ai créé mon premier timbre pour le 50ème Salon d'Automne. Mais ce ne fut pas sans mal... J'ai présenté des maquettes avec des tours où il ne manquait pas un boulon! J'ai recommencé plusieurs fois, mais cela n'allait toujours pas. Enfin, on me dit : « on voudrait quelque chose de plus ludique ». Ce fut le déclic. J'ai proposé une Tour Eiffel arlequin, très simple et très enlevée. Bingo ! Mais ce n'était pas dans ma démarche habituelle, et Claude Andréotto, qui me connaissait bien, ne s'y laissa pas prendre et me dit : « ils n'ont pas besoin de toi pour faire ça » ?!
Pourquoi ? Parce qu'il connaissait non pas mon jardin secret, mais plutôt mon jardin intime, très dessiné, toujours un peu décalé et que l'on classait sous le nom d'hyperréalisme onirique. Climat difficile à utiliser dans le timbre poste. Mais je trouverai vite la solution. Ma pratique de l'affiche m'amena à comparer le timbre à une affiche vue de l'autre côté de la rue : lisibilité immédiate, dessin, couleurs, simplicité, efficacité.
Christian Broutin
Journal de l’Art du Timbre Gravé n° 14, décembre 2018